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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 07:27

 

 

 

Au Parlement européen, le FN défend les corrompus

 

 

 

L’affaire des trois députés corrompus «révélée» par le Sunday Times (voir mon post précédent) a bien sûr été commentée cet après midi en séance plénière du Parlement européen. Deux des trois députés concernés ont déjà démissionné et la pression est forte sur le troisième, exclu par le groupe socialiste et qui va siéger maintenant sur les bancs des non-inscrits.   

Un seul député est intervenu pour dire que ce qui était vraiment scandaleux ce n’était pas la corruption mais les méthodes utilisées par les journalistes britanniques: il s’agit de Bruno Gollnisch du Front National. Une intervention qui n’a été contestée par aucun autre membre du groupe d’extrême-droite…
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> Sans aucun lien, un autre sujet a animé la séance plénière: la nomination de Brice Hortefeux en remplacement de sa collègue UMP, à la suite de son départ du gouvernement. Brice Hortefeux n’a en effet pas siégé lors de la scéance inaugurale à Strasbourg en juillet 2009, et il n’est donc formellement plus député européen. Cette volonté d’Hortefeux de siéger au Parlement est d’autant plus inadminissible qu’il a vocation à ne rien y faire puisque tout le monde sait qu’il sera en fait conseiller auprès de Nicolas Sarkozy pour préparer la campagne de 2012, et que l’attirance d’Hortefeux pour le travail au Parlement européen est telle qu’il n’avait pas hésité à dire qu’il était «la victime» du succès de l’UMP en étant élu à Bruxelles. Les services juridiques du Parlement vont bientot statuer sur son cas.
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> Bref, une grande journée pour l’image de la France… et pour la démocratie.


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Députés européens: trois pourris, tous pourris ?

 

 

  •  Par Pascal Canfin

Trois députés européens ont étépris en flagrant délit de corruption. Ils ont en effet accepté de déposer et défendre pour de faux lobbyistes —en fait des journalistes du Sunday Times—des amendements aux législations en cours, en échange de fortes sommes d'argent. Il s'agissait notamment de diminuer la responsabilité des banques en matière de protection des consommateurs. Certes, le procédé du Sunday Times est discutable car les journalistes ont provoqué les événements qu'ils entendaient dénoncer. Pour autant, la gravité des faits devrait obliger le Parlement européen à revoir fortement et dans les plus brefs délais son rapport au lobbying et ses règles en matière de contrôle de la probité financière des élus. L'absence d'une réponse forte du Parlement et de ses groupes politiques —et notamment de ceux directement concernés par l'affaire— ne pourrait qu'alimenter le discours populiste du "tous pourris" et l'euroscepticisme ambiant.

Si l'enquête lancée cette semaine par le Parlement confirme les faits dénoncés, les trois députés mis en cause doivent bien évidement démissionner, deux d'entre eux l'ayant déjà fait. Une enquête doit être également ouverte sur les 11 autres députés qui ont répondu à la sollicitation des faux-lobbyistes du Sunday Times (sur 60 députés contactés) et accepté de les rencontrer avant de décliner l'offre. Le Parlement doit également renforcer fortement ses procédures pour assurer un réel suivi des revenus et de l'évolution du patrimoine des élus durant leur mandat et la nature des activités annexes qu'ils peuvent exercer. Nous remplissons en effet une déclaration de patrimoine au début de notre mandat mais les contrôles sont ensuite inexistants. Enfin, obligation doit être faite aux lobbys d'être dûment enregistrés pour accéder au Parlement. Ces mesures ne permettront pas d'éradiquer totalement la corruption (la classe politique comme le reste de la population comporte sa part de personnes malhonnêtes) mais seraient de nature à dissuader les élus enclins à de telles dérives.

 

Pour autant, cette affaire met en lumière une pratique très courante au Parlement européen (et au Parlement français où la FNSEA ou encore les laboratoires pharmaceutiques ont des relais très efficaces): le dépôt par les députés d'amendements écrits par des lobbies. L'ONG Corporate Europe  a ainsi récemment dénoncé le fait que sur le texte dont je suis le rapporteur pour encadrer la spéculation sur les dettes des Etats, de nombreux amendements déposés contre mes propositions étaient des copier-coller de textes envoyés par l'industrie financière. Selon les informations dont je dispose, la plupart des députés n'ont pas besoin d'être payés pour cela et se font les simples relais des intérêts, y compris privés, qu'ils jugent souhaitables de représenter. Ce qui peut être légitime. Ce n'est pas parce qu'un amendement provient des mutuelles ou du logement social que je dois forcément le refuser si je juge politiquement que le contenu va dans le bon sens. Le problème est qu'en matière financière et bancaire, seuls des amendements favorables aux pratiques les plus contestables des marchés viennent jusqu'aux bureaux des députés. C'est pour remédier à ce que je considère être un grave problème dans le fonctionnement de notre démocratie que j'ai lancé l'appel pour la création de Finance Watch. Une ONG capable d'assurer un contre lobbying citoyen en matière bancaire et financière, et de mettre en lumière le soutien dont disposent les grandes banques auprès de ceux qui relaient sans ciller leurs amendements

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