Conseiller général, président de la commission environnement. Membre du groupe Gauche Citoyenne.
Conseiller régional, vice-président du groupe Europe Ecologie-les Verts, vice-président de la commission environnement. Ille de France
Je n’ai pas loupé le train du Front de Gauche.
Actualité mercredi 11 avril 2012
Il y a quelque temps, un ami m’a interpellé ainsi « Jacques, tu as loupé le train du Front de Gauche ». Il voulait me dire qu’en ayant quitté le PCF j’avais, par la même occasion, raté une
dynamique pour laquelle j’ai longtemps agi. Et puis j’ai reçu quelques SMS en direct de la Bastille ou de la place du capitole de Toulouse me disant « on est triste que tu ne sois pas avec nous
».
Il y a quelque temps, un ami m’a interpellé ainsi « Jacques, tu as loupé le train du Front de Gauche ». Il voulait me dire qu’en ayant quitté le PCF j’avais, par la même occasion, raté une
dynamique pour laquelle j’ai longtemps agi. Et puis j’ai reçu quelques SMS en direct de la Bastille ou de la place du capitole de Toulouse me disant « on est triste que tu ne sois pas avec nous
».
Non, je n’ai pas loupé le train et je ne regrette pas de ne pas l’avoir pris. Ceux qui me connaissent savent que je ne nourris aucune rancune vis-à-vis du PCF, que je respecte ses positions et
c’est d’ailleurs ce respect qui m’a amené à le quitter. Je mesure et je comprends la joie, parfois énorme, qui habite les militants et les sympathisants du Front de Gauche. Je vois les espoirs,
les certitudes, mais aussi les inquiétudes, les doutes, les contradictions que porte ce mouvement autour de la candidature de Jean Luc Mélenchon. Le talent de celui-ci, c’est clair, a catalysé
des attentes et des tentatives maintes fois déçues. Et j’entends bien aussi ce que beaucoup disent : « nous ne sommes pas d’accord avec telle partie du programme du Front de Gauche ou du discours
de Mélenchon, mais ce qui nous intéresse c’est le mouvement ».
Moi aussi, ce mouvement m’intéresse. J’ai espoir que tous ceux qui veulent remettre en cause radicalement ce mode de développement, prédateur et gaspilleur, se retrouveront pour faire force
commune. Et ma façon de contribuer au mouvement, à cette étape-là, est de donner le maximum de poids à l’écologie politique, avec la candidature d’Eva Joly. Car, je suis convaincu que les
réponses aux enjeux planétaires, aux injustices sociales, à la violence des discriminations résident dans une écologie héritière de la pensée progressiste. J’ai bien entendu JL Mélenchon dire que
le Front de Gauche est anti-productiviste et écologiste. Je sais bien qu’en soit, prononcer les mots c’est déjà important. Mais ce n’est pas suffisant. Lorsque JL Mélenchon s’est félicité de la
vente par l’avionneur national Dassault de rafales à l’Inde, un anti-productiviste n’aurait-il pas dû promouvoir la reconversion de l’industrie d’armements et la coopération pacifiste avec les
pays du Sud ?
Ce matin sur France Inter JL Mélenchon critiquait l’accord PS-EELV. Mais n’est-ce pas un tour de passe-passe, de dévaloriser un accord qui s’engage à supprimer 24 réacteurs nucléaires, lorsque
par ailleurs l’accord PC-PG se contente de prévoir un référendum pour ou contre la sortie du nucléaire, sans que l’on sache ce que serait la position défendue par le Front de Gauche. D’ailleurs,
on n’a pas entendu le Front de Gauche réagir, lorsque Areva a déchaîné son lobbying contre l’accord PS-EELV. Et ces jours-ci on a vu fleurir de belles publicités d’Areva dans le journal
L’Humanité…
Lors du Forum Alternatif Mondial de l’Eau, on a pu voir de nombreux militants du Front de gauche se mobiliser pour la gestion directe de l’eau en service public. Tout le monde s’en réjouit .Mais
il reste que nous le savons, ce sont des élus communistes qui en Ile de France ont contribué à sauver la mise au plus gros contrat mondial de Véolia. Devons nous nous taire devant ces
ambivalences et nous y résigner ?
Ceux qui agissent contre la multiplication des incinérateurs, qui représentent un mode de traitement des déchets profondément productiviste, savent bien que souvent ils doivent aussi s’opposer à
des élus du Front de Gauche. L’Ecologie n’est-ce pas de développer des alternatives de recyclage, de compost, de méthanisation ? Et n’est ce pas le même cas de figure que l’on retrouve dans la
mobilisation contre l’aéroport de Nantes ?
L’écologie ne peut tout de même pas être la chose… et son contraire ! Autre sujet qui me tient à cœur. Je dois dire que j’ai éprouvé un vrai malaise lorsque j’ai appris que les sénateurs du Front
de Gauche avaient laissé passer la loi interdisant aux assistances maternelles à domicile le port du foulard. La laïcité, pour moi, c’est d’abord la liberté de conscience, c’est le moyen
d’inclure et non d’exclure. Quand cessera-t-on de prétendre qu’il y a un modèle unique d’émancipation humaine, y compris féministe ? On peut lire aussi dans le programme du Front de Gauche,
étonnamment au chapitre Laïcité, la proposition d’interdire le choix du sexe de son médecin à l’hôpital public. Qui cela vise t-il ? La société dont je rêve est multiculturelle, fraternelle,
respectueuse. J’espère, comme d’ailleurs certains militants du Front de Gauche l’expriment ces jours-ci, qu’il y aura débat et que les positions du Front de Gauche évolueront sérieusement et
sincèrement sur ce sujet.
Et puis, encore une chose m’interroge, je ne prétends pas du tout que E.E.L.V. soit parfait. Loin s’en faut….Mais lorsque le Front de Gauche stigmatise l’accord avec le PS, n’est-ce pas un peu
facile ? En effet, l’absence de proportionnelle conduirait les écologistes à n’avoir aucun député sans cet accord. N’est-ce pas l’absence d’une proportionnelle suffisante qui a conduit, lors des
élections régionales, le Front de Gauche à passer des accords avec le PS ? Personne ne s’en est offusqué et c’est bien normal. En politique, il faut être juste ! Et encore, je m’inquiète de ce
qui monte dans cette campagne, bien au-delà des propos du Front de Gauche, sur le thème de la Nation. Ne serions nous pas plutôt dans une période où l’urgence est de s’ouvrir aux autres pour
répondre ensemble aux défis écologiques et sociaux de notre planète. Enfin, mon expérience me fait craindre sincèrement qu’en devenant dominant le Front de gauche ne devienne dominateur.
Ainsi dans le Val de Marne, à l’issue des dernières élections cantonales, le Front de Gauche avec 18% des voix a obtenu 19 élus. Fort de cette position, il a éliminé de l’exécutif du Conseil
Général les écologistes, qui pourtant avaient réalisé 14 % des voix et obtenu 3 élus. On ne peut pas dire que depuis, l’écologie y ait gagné.
Il y a plusieurs façon de considérer que la politique c’est des rapports de force. Soit c’est le diktat de la majorité sur la minorité. Soit c’est la coopération, dans le plein respect de la
force que les citoyens ont donné à tel ou tel courant de pensée.
Il y a besoin en politique d’inventer et de mettre en œuvre cette culture là. Peut-être que la dynamique du Front de Gauche contribuera à modifier cette culture de domination. Peut-être que non.
Voilà quelques-unes des questions qui se posent selon moi, pour qu’un changement survienne réellement. Encore une fois, j’ai beaucoup d’empathie pour le mouvement diversifié autour de la
candidature de JL Mélenchon. Personne, sauf à droite, ne devrait avoir intérêt à ce qu’il déçoive. Mais, le plus important dans les luttes que nous menons les uns et les autres ce sont les
victoires véritables contre les exploitations, les dominations les discriminations, c’est de vivre mieux et bien. Le plus important c’est de ne pas en rester au niveau du discours si beau soit
–il. Et pour ce faire, il y a sans doute besoin de regarder plus grand vers notre avenir. Que de bons vents nous poussent tous vers ces victoires réelles, là où nous avons choisi d’être…